Comment se comporte le LCA biomécaniquement lors d’un tiroir antérieur ?
C’est à cette question qu’essaye de répondre les chirurgiens afin de réussir au mieux leurs opérations. D’abord il est nécessaire de savoir que sa partie antérieure est plus longue que sa partie postérieure.
Le LCA forme une entité unique
e qui a été prouvé par de multiples dissections « Torsional appearance of the anterior cruciate ligament explaining ribbon and double bundle concepts : a cadaver based study » et non un ligament composé de plusieurs brins.
Ici nous allons voir la revue de littérature de Andrew A « The functions of the fibre bundles of the anterior cruciate ligament in anterior drawer, rotational laxity and the pivot shift » qui s’intéresse à la fonction des différentes parties du LCA.
Notons que dans cette revue l’auteur parle encore de faisceau antéromédial, postérolatéral et intermédiaire. Cette dénomination est maintenant fausse mais nous l’utiliserons par souci de cohérence.
Pour l’auteur la première fonction mécanique du LCA est de résister au tiroir antérieur.
En effet des études montrent l’effet de la section de l’un ou l’autre faisceau sur la mobilité du tiroir antérieur « The anterior cruciate ligament. A functional analysis based on post mortem studies » Furman W et al.
- Quand le faisceau antérieur est sectionné le tiroir antérieur est, selon leurs résultats, augmenté uniquement lorsque le genou est fléchi.
- Quand le faisceau postérieur est sectionné le tiroir postérieur est, selon leurs résultats, augmenté uniquement lorsque le genou est tendu.
Sakane et al « In situ forces in the anterior cruciate ligament and its bundle in response to anterior tibial loads » ont examiné les forces s’exerçant sur les fibres du LCA en réponse à un tiroir antérieur: quelque soit l’angle de flexion de genou des forces de tension s’exerçent sur le faisceau antérieur. Pour le faisceau postérieur les forces de tension s’exercent plutôt lorsque le genou est en extension avec un pic à 15°.
Lors de la reproduction d’un pivot shift (légère flexion + valgus + rotation interne de tibia sous le fémur) la tension au niveau du faisceau postérieur est plus importante que lors d’un simple tiroir à 30° de flexion. Par contre la tension au niveau du faisceau antérieur n’augmente quasiment pas mais reste supérieure à celle du faisceau supérieur.
D’après l’auteur de cette revue il ressort beaucoup de contradictions dans toutes ces études et ces résultats mais le rôle mécanique passif du LCA est d’abord le contrôle du tiroir antérieur et ensuite de la rotation. De part son anatomie il semblerait que ce soit le faisceau postérieur qui serait un peu plus responsable du contrôle de la rotation par rapport au faisceau antérieur.
Rappelez vous que dans toute structure du corps humain la fonction guide l’architecture.
La torsion du ligament sur lui-même permet, par exemple, une résistance plus importante à la tension. C’est entre autres cette torsion qui à longtemps induit les anatomistes en erreur sur la présence de plusieurs faisceaux. Toutes ces données nous permettent d’être plus précis dans le diagnostic clinique des lésions du LCA et ainsi de l’être aussi dans nos prises en charge. Si mon patient à eu une défaillance de contrôle de la rotation du tibia entraînant une lésion du LCA, c’est une donnée à garder en tête afin de travailler cette défaillance en rééducation.